La montée de Jésus vers Jérusalem (d’après Marc 11:1-11)

Publié le 23 Mars 2024

 

Ce qui peut être ennuyeux avec Jésus, c'est qu’il ne fait jamais rien comme tout le monde, et qu'il peut lui arriver de donner des consignes curieuses, dont on ne comprend pas toujours les tenants et les aboutissants…

Parfois, il ne donne aucune explication, ce qui fait qu'au bout du compte, on peut être surpris du résultat.

 

Ce jour-là, il fait beau.

Du côté de Béthanie et Bethphagé, on dirait que toute la population de ces deux bourgs a eu la même idée…sortir faire un tour au soleil, et se rassembler sur le chemin au pied du Mont des Oliviers.

C’est qu’il y en a du bruit et de l'agitation tout à coup ! La plupart des gens semblent surexcités. Ils parlent tous en même temps. Qu'est-ce qui peut bien leur arriver? C'est un peu comme si chacun essayait de parler le plus fort possible, pour couvrir la voix des autres, et se faire entendre au-dessus du brouhaha ambiant.

Mais voilà qu’au milieu de ce sympathique bazar, et de cette ambiance de foire et de fête, Jésus se met à parler. Cette fois-ci, il ne s’adresse qu’à ses compagnons de route et de ministère. Tant bien que mal, lui qui n'a pas l'habitude de crier pour se faire entendre, il réussit tout de même à faire passer un message à deux de ses disciples :« Allez droit devant vous jusqu’au village là-bas, » leur dit-il.

 

Allez !

On imagine la réaction de ses interlocuteurs : comment arriver jusqu’au village? Il y a du monde partout ! Va-t-il leur falloir jouer des coudes pour sortir de cette cohue sans nom?

Mais avant qu’ils aient eu le temps de trop paniquer, Jésus précise sa pensée:" Allez au village qui est là, devant vous… Vous y trouverez un ânon. Détachez-le, et si on vous interroge, répondez que j'en ai besoin."

Les disciples se faufilent entre les différents groupes d'hommes, de femmes et d'enfants, qui se sont agglutinés ici et là. Et tout en les contournant, ils se demandent comment ils feront pour revenir avec un âne, et le faire passer par là. Et pourtant, au retour, les gens s’écartent avec respect sur leur passage, et les laissent retourner vers le maître qui attend.

Mais, lorsque Jésus s’assied enfin sur sa monture, l’enthousiasme de la foule monte d’un cran, et l’effervescence des hommes, des femmes et des enfants qui l’entourent est à son comble. Chacun se défait de son manteau, et le dépose à terre.

A ce tapis multicolore viennent s’ajouter la verdure des branches que les participants à la scène viennent tout juste de couper au bord de la route. Et certains les agitent de toutes leurs forces le plus haut possible. D’autres, au contraire, les déposent sur le sol pierreux au passage du joyeux convoi.

 

Des vêtements et des branches…

            Dans leur enthousiasme, les spectateurs et participants à la fête retirent le manteau qu’ils portent sur leur tunique de laine tissée, ce manteau qui a un usage polyvalent, et qui est indispensable à leur vie de tous les jours. C’est cette pièce essentielle et infiniment précieuse de leur garde-robe, que certains mettent sur l’âne pour servir de selle à Jésus, et que d’autres déposent à terre sur son passage. On peut imaginer que, pour eux, il est significatif d’agir ainsi avec ce vêtement qui leur sert à la fois de protection contre les intempéries, et « de vêtement de dignité, celui sans lequel il était malséant de se présenter à un supérieur ou au Temple », comme le précise un commentateur[1].C’est sans doute pour eux comme un signe d’offrande de ce qu’ils ont de plus nécessaire, un signe de dépouillement de soi...

            Et puis, outre des vêtements, la foule dépose aussi sur le chemin de Jésus des branchages qu’elle vient de couper.

            Dans cette Palestine aux essences d’arbres si variées, il est d’usage à l’époque de marquer sa joie aux moments des grandes fêtes en agitant ainsi des branches d’arbre en signe de célébration. Tout à coup, c’est comme si tout le monde présent se rendait compte que cet homme, là, assis sur son âne, est bien plus qu’un simple prophète.

 

Une acclamation

            Et voilà que, tout à coup, monte un chant de joie, une acclamation répétée. « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… Hosanna dans les lieux très hauts ! »

            Pour Jésus, ce moment a dû être un moment fort, quoique terni par la perspective de sa mort toute proche. Mais malgré tout, il se laisse acclamer, permettant à la foule joyeuse d’exprimer sa foi et sa louange.

 

Jésus accepte nos louanges

            C’est ainsi que le Seigneur accepte nos louanges à nous aussi, malgré nos insuffisances, nos manques de foi, les hauts et les bas de notre vie spirituelle. Il sait ce que nous sommes, et nous accepte tels que nous sommes, avec nos défauts et nos manquements. Mais il veut aussi nous aider à évoluer et à croître spirituellement. Laissons-nous guider par lui sur le chemin de la foi, et laissons-le nous transformer jour après jour afin d’être de bons témoins de son amour pour le monde autour de nous.

            Allons donc et proclamons: «Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… Hosanna dans les lieux très hauts ! »

                                                                                             Anniel Hatton

 

 

[1] La vie quotidienne en Palestine au temps de Jésus, Hachette, Paris, 1961, p.260

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