Ce matin de février, le temps était maussade, le ciel gris. Des ouvriers travaillaient à réparer la chaussée. Le bruit assourdissant du marteau piqueur couvrait les autres nuisances sonores. 

       Je venais de sortir de chez moi, avec une seule obsession : me glisser doucement et furtivement dans les eaux du canal Saint-Martin, à quelques mètres de là. Ce plan je l'avais étudié puis mûri dans mon esprit depuis quelques jours. Vraiment. C'était la meilleure solution. La seule. Pour une jeune de 18 ans, ma vie était devenue insupportable. Je ne voyais pas d'issue aux problèmes dont je faisais face depuis quelques temps. 

           Rejetée par ma famille, par mes parents qui étaient empêtrés dans leurs propres difficultés. Jugée et condamnée par l'église que je fréquentais. Seule et n'ayant personne à qui me confier et avec qui pleurer, j'étais résolue à me suicider. J'avais bien des amies, mais elles étaient trop jeunes pour pouvoir réellement m'aider ... et sans doute ne savaient -elles pas comment m'aider. 

          Alors que je m'avançais en direction du canal, j'entendis une voix féminine m'interpeller : « Bonjour Stéphanie ! »
             Je ne répondis pas. Incapable de prononcer un mot. Rien ne devait me détourner de mon projet. J'étais déterminée. Et personne ne devait connaître mon intention pour m'en dissuader.
         C'était une dame d'un certain âge, une chrétienne que je connaissais. J'avais déjà discuté avec elle et j'avais été impressionnée par l'amour qui se dégageait d'elle et par sa grande douceur. 
         Elle ne savait pas ce que je vivais ni ce que j'avais résolu de faire dans les minutes qui suivent. Certes, elle ne le savait rien mais le Seigneur, Lui le savait ...
         Probablement, la douleur se lisait-elle sur mon visage. Elle vint se placer devant moi et prononça ces quelques mots qui restèrent pour toujours gravés dans mon cœur : « Tu sais, il y aura toujours des tempêtes dans ta vie, mais sache une chose : Jésus t'aime ! »
          Puis elle s'en alla, me laissant seule avec mes réflexions. 

         « Jésus m'aime ! Jésus m'aime ! » Ces paroles résonnèrent comme un marteau piqueur dans mon esprit, chassant d'un revers de main mes pensées obscures. 
         Jésus m'aime quelles que soient les difficultés de la vie ! Jésus m'aime quels que soient mes fautes et mes péchés !
        Et tout d'un coup, je compris que si le Seigneur m'aime, alors il restera toujours auprès de moi. Je ne suis pas seule ! Si le Seigneur m'aime, alors qu'importe les difficultés présentes, il m'aidera à les affronter. 

          Alors, le miracle se produisit, je fis demi-tour pour rentrer à la maison. Je renonçais à me donner la mort. Les problèmes ne s'étaient pas envolés. Je dus affronter chaque difficulté une à une et je pleurais souvent. Mais quelque chose d'inébranlable avait rempli mon cœur et transformé mes pensées. Le Seigneur Jésus m'aime, et jamais ni rien ne pourra me séparer de son amour pour moi ! Il vit en moi et ne m'abandonnera jamais. Il sera toujours présent dans ma vie.

       Il y a maintenant bientôt 30 ans que j'ai été ainsi bouleversée par la puissance de l'amour divin, et j'affirme aujourd'hui que cet amour me bouleverse encore jour après jour.

                                                  Stéphanie Yau (Eglise Evangélique Chinoise de Paris)